17 octobre 2011

Comment sait-on que l'on est libre ? > R


"... Comment sait-on que l'on est libre ?
- Demandez-vous pourquoi on le veut, s'énerve la marraine. Il faut être stupide ! Libre. Libre. Libre. Vous croyez que ça les émeut, les gens ? Vous croyez ce qu'ils en racontent ? Mais ma petite chérie ! Ils mentent. Ce que vous ignorez, ils le savent. La liberté retire tout, tout ce qui fait les hommes. Elle retire les petites cases où l'on range, où l'on ordonne, on sert et on se sert. On les reçoit très tôt, ces petites cases. Dès enfant, on apprend qu'il y a tout à y gagner. Faveurs, sourires, bons points, ça s'enchaîne. Et qu'est-ce qu'on a, de l'autre côté ? Un vaste mensonge et une poignée de verbes... Penser ; chercher ; refuser ; peiner ; douter. Marcher à contre-courant. Sans le moindre intérêt ! Surtout pas le sien. Le choix est simple. Aux benêts la liberté et pour les autres, tout le reste. Vous en voulez encore ?
- Je n'en veux pas. Elle me poursuit.
- Oui, soupire Retiola. Il y a aussi ceux qui s'entêtent, les vrais, les grands stupides ! Cessez de vous torturer. Vous en êtes. je vais vous dire. La liberté se trouve là où vous iriez de toute manière : sur la voie difficile. Elle est le choix difficile. C'est une loi qui ferait péter d'envie le plus coincé des savants ! Il n'y a pas d'exception."


Treis, altitude zéro

(conversation entre Cinabre et Retiola, chapitre 29 "Route retour")